Vendredi 4 juin, J23. 38km en musculaire, D+200m
Réveil sur l’île de Ré, on a dormi dans des vrais lits, waw!
Dehors il pluviotte, alors on prend notre temps, et en fin de matinée on rejoint le centre du village pour le petit marché (pluie ou pas, il a lieu! C’est pas comme ces sudistes!).
Les petites ruelles du Bois-Plage sont vraiment mignonnes, petites maisons blanches aux volets verts, pas toujours la même nuance, alors ça fait comme un camaïeu, mêlé aux roses trémières et à la centranthe colorée (qui n’est rien d’autre que de la valériane, nous a appris Gaëlle a Toulouse). Bref c’est super mignon, même sous les gouttelettes du ciel gris.
On se régale les yeux devant les étals de poissons, et on cherche du vin blanc. En vain.
La poissonnière finit par nous indiquer la vendeuse d’huître qui vend des bonnes bouteilles sous le tablier. Elle nous présente donc toute fière sa bouteille dans des chuchotis. On lit l’étiquette avec délectation, et on relève que le vin vient… de Croatie. C’est incroyable! Mais la vendeuse d’huître nous assure qu’il est super bon, si,si, sûr c’est celui qu’elle vend le mieux. On préfère lui laisser, et on se rend à l’évidence : pas de vin blanc sur l’île de Ré.
L’après-midi, la pluie a cessé, Eliot s’est loué un vélo avec ses sous (impossible de le payer nous-même, il a insisté!), et nous partons en direction du phare des Baleines, à l’autre extrémité de l’île. Sur les pistes à vélo, on traverse les marais salant, les villages en camaïeu de vert, des champs de culture. On croise des gens à vélo, on aperçoit le phare au loin, Eliot est au taquet, il se fait à peine aider malgré le vent de face. On arrive au phare, le soleil nous récompense alors on se régale d’une glace, et on admire le paysage du bout de l’île, et hop! On dépasse l’heure de 2mn pour monter au phare. Trop tard. Un peu déçus quand même, mais on est super content de la balade, et le retour nous enchante tout autant.
Eliot peut être fier de ses 38km à vélo!!
Une bonne grillade de poissons du marché et la journée est parfaite.
Samedi 5 juin, J24. 37km, D+350m
Soleil radieux. On quitte notre jolie maison, en laissant le deuxième de nos petits pommiers à notre hôte super accueillant. On espère pouvoir y revenir dans quelques années pour goûter ses fruits!
On prend la journée pour arpenter les pistes cyclables le long de l’océan, visiter le fort et le port de Saint Martin de Ré, faire coucou aux ânesses qui produisent le lait pour la célèbre savonnerie de l’île.
On réalise qu’on est samedi : les pistes cyclables sont envahies de vélos, des groupes de jeunes en bermuda et chemise mais aussi des familles, et que des sans-casques! Incroyable ! C’est impressionnant la différence de monde entre hier et aujourd’hui, un jour de we.
Arnaud nous expliquera plus tard que l’île de Ré compte 18 000 habitants, et que cette population se multiplie par 10 l’été : 180 000 personnes sur l’île, les pistes cyclables sont saturées!
A midi, on pic-nique à l’ombre de la falaise, sur une plage de galet car c’est marée basse. Il y a un monsieur qui pêche à la ligne, Eliot notre sociable va directement discuter avec lui, et on ne le revoit plus du repas. On le voit même au loin manier la canne à pêche, sous l’œil attentif d’Anaïs qui l’a rejoint, et de Pierre le pêcheur. Cet ancien chirurgien de 87 ans est d’une gentillesse incroyable, super patient (pratique pour un pêcheur), et inépuisable en anecdotes. On passe un super bon moment.
Et puis c’est l’heure de reprendre le pont, direction Marsilly. Toujours par la voie verte, on traverse La Rochelle, puis des villages et des champs de colza et de blé, et on arrive chez Arnaud et Amélie (le collègue de RéTP). On ne s’est pas vu depuis plus de 10 ans mais on est accueilli comme des rois par les gâteaux d’Amelie, dans leur maison retapée par leurs soins et on y rencontre le petit Émilien. Eliot est super content d’avoir un copain!
Dimanche 6 juin, J25. 0km!
Journée repos à profiter des copains, aller au marché de La Rochelle pour les garçons (en voiture, ouh!!!), papoter, faire des énigmes et se régaler des bons petits plats maison d’Amélie.
Et de terminer notre tube de dentifrice. Eliot demande un dépannage à Arnaud qui lui répond : « Chez nous pas de dentifrice, on se lave les dents au savon de Marseille! »
Eliot me regarde avec des yeux ronds, et se demande si on ne se moque pas un peu de lui. Arnaud et Amélie viennent de révolutionner notre manière de nous brosser les dents. Et même de faire la vaisselle!
Le savon de Marseille est notre nouvel ami.
Lundi 7 juin, J26. 67km, D+550
C’est l’heure de repartir. Mais pas direction la Bretagne, on est des fous. On a décidé de faire un crochet par… le Puy du Fou, à deux jours de vélo d’ici (une broutille!)
Nous voilà donc à pédaler piquant vers les terres, en direction de la Vendée.
Bon, le paysage, c’est pas très glop.
C’est des champs et des champs à perte de vue, du blé, du colza (spéciale dédicace à Marilo, notre botaniste préférée qui s’est penchée sur ce défi « mais qu’est-ce que c’est que cette plante? »), c’est un peu la pampa. Nina a d’ailleurs dit : c’est le Sahara du blé.
On peut cependant maintenant énumérer tous les systèmes utilisés par les agriculteurs pour éloigner les oiseaux des champs fraichement semés :
-des épouvantails (classique)
-des cerfs-volants en forme de gros oiseaux noirs accrochés à des piquets (le plus esthétique)
-des hauts-parleur diffusants des chants d’oiseaux spécifiques, probablement des chants de prédateurs d’oiseaux mangeurs de graines (le plus champêtre)
-des hauts-parleurs diffusants des bruits de coup de fusils (le plus relou).
67 km de champs plus tard, sous le soleil, on plante notre tente, pour la première fois en sauvage.
Comme la journée a été très ensoleillée et que le dénivelé n’est pas énorme, on aura suffisamment d’énergie pour rouler 2 jours, grâce au panneau solaire.
On s’installe donc près d’un lac très mignon, où les enfants pataugent, et où on profite pour faire notre brin de toilette (avec du savon biodégradable, bien sûr). Le coin est vraiment super beau, très apaisant, et on est tout content de manger notre repas favoris du voyage : semoule - maquereaux (facile à transporter, et cuisiner!).
Et là, c’est officiel, on fait et refait nos calculs : c’est pour cette première nuit en sauvage, près de ce magnifique lac, qu’on est au km 1000!!! C’est pas génial, ça!?
Mardi 8 juin, J27. 35km, D+600
Quel bonheur que de se réveiller près du petit lac de Chantenay, à regarder les canards barboter et le château d’en face et son champ de vaches se refléter dans les eaux.
On replie la tente, enfin, Nina et Manon replient la tente pendant que les garçons barbotent, et qu’Anaïs, partie faire pipi, rejoint les garçons en discrétion. On profite de ce moment de calme, un peu seuls au monde, dans cet endroit magnifique.
On se fait une petite frayeur quand l’agent municipal vient vider les poubelles de la berge (on n’a pas le droit de camper ici, on va se faire gronder? Point du tout, on discute même tranquillement avec lui), et on repart vers midi, espérant trouver une boulangerie ouverte dans le prochain patelin (oui, on a mangé notre repas de secours hier soir!). Quelques km plus loin, on est accueilli par une super vendeuse de superette-tabac-boulangerie, qui nous sauve la journée, nous offre des cafés, remplit nos gourdes.
Les derniers km vers le camping qu’on a réservé près du Puy du Fou sont plus agréables qu’hier : on est dans des petites collines, on a des routes plus ombragées, on croise des petits hameaux avec des maisons en pierre brunes, et on commence à voir les premiers toits en ardoise. On longe encore des champs, mais plus variés, dont un… de cannabis, probablement cultivé pour le chanvre, immense!
Puis on arrive à Chambreteau, au camping à la ferme que nous avons réservé pour les 4 prochaines nuits, et nous sommes accueillis par Chantal et Joseph, leurs vaches, leurs cerfs, leurs chats, leurs maisons de hobbits et leur bonne humeur. Un grand moment.