Après avoir quitté les copains, on est reparti sur la vélOdyssée, (partie française de l’Eurovélo1, une véloroute à l’échelle de l’Europe qui longe l’Atlantique).
Sur les premiers km, on a retrouvé nos petites maison de pêcheurs le long de l’estuaire, toutes jolies-fleuries avec des noms prometteurs de we tranquille (mon repos, brise du soir, la marée ou encore caprice des dieux) (non, celle-là c’est pas vrai, c’est moi qui l’ai inventée), posées en face de leurs carrelets perchés sur leurs guibolles de bois.
Mais assez rapidement, la véloroute a traversé des vastes étendues agricoles plates et sans intérêt, sillonnées par des pylônes électriques, le tout sous un soleil de plomb, et pas un arbre à l’horizon pour nous protéger. C’était la première fois qu’on avait chaud, et qu’on roulait en tee-shirt. Et aussi la première fois qu’on avait hâte que ce chemin rectiligne dont on ne voyait pas la fin se termine. 15km c’est long parfois. Très long.
Et puis la vélo-route s’est rapprochée à nouveau de la Gironde, et c’est redevenu plus sympa, avec nos petits carrelets pour nous accompagner, les petits villages, et puis les petits ports, parce qu’on s’approche petit à petit de l’océan (mais on n’y est pas encore, on est encore dans l’estuaire).
On croise de plus en plus de vélocyclistes en couple ou en groupe, la plupart du temps à la retraite (et oui, il parait qu’il y a école!), souvent en périple d’une semaine à 10 jours.
Il faut dire que le coin est très agréable, le relief commence à se dessiner, comme dans ce petit village où on s’arrête pour la nuit : Mortagne sur Mer, et son camping haut perché qui nous offre une super vue sur le petit port. On est comme sur un balcon. La classe!
On se détend de nos 75km (dont 3km de bac!) et 700m de D+.
Mais la nuit n’a pas été bonne pour tout le monde. Anaïs est patraque, elle a des crises de vomissements toute la nuit (mais elle ne vomit rien).
J19, petit matin.
Anaïs est un peu fiévreuse, on en conclut à une insolation. On a vraiment été surpris par le soleil la veille : jusqu’ici c’était plutôt pluie! Petit dèj sur le port, et on repart sur notre euro-vélo-route, avec le mot d’ordre de la journée : il faut boire!!! On fait rapidement une halte à Talmont-sur-Gironde, magnifique petit village (touristique) et typiques ruelles fleuries, biscuits charentais, maisons en pierre et trop jolie chapelle surplombant la mer.
Pic-nique, on repart, mais là il faut accélérer a dit le chef, on ne va pas pouvoir se pavaner à chaque fois (oui chef!). La pauvre Naïssoune somnole sur le tandem, mais on lui promet une journée plus calme demain (chut, c’est une surprise!).
Le paysage se maritimise encore, c’est super beau. La voie verte traverse désormais des petites forêts de feuillus, et au détour d’un virage, on sent l’air marin, l’océan, et paf! On se retrouve devant les flots et les embruns (ça s’est vraiment passé comme ça : tout soudainement).
Le marron de la Gironde laisse place au bleu de l’océan…
On passe à Royan, plantée au bout de l’estuaire de la Gironde. La promenade le long de l’océan est bordée de maison typiques années 30, avec leurs hautes et étroites tourelles carrées (celles que Nina appelle des « maisons de sorciers »), grande époque art-déco, genre station balnéaire, mais aussi des belles maisons années 60 style Corbusier, ou des maisons style belle-époque genre mini château.
On grimpe dans les lotissements sur la falaise, et là c’est des grandes maisons luxueuses vue sur océan, genre quartier résidentiel. Moi qui adore observer les styles architecturaux, les détails des balcons et les noms des maisons, je suis servie!!! Je roule le nez en l’air avec émerveillement.
La voie verte suit désormais l’océan, et ça fait des bosses au grès des dunes, on se croirait dans les montagnes russes, on rigole bien.
Apres 54km et 720de D+, on plante la tente à La Palmyre, pour 2 nuits. Parce que demain, c’est zoo! Le célèbre du même nom. Anaïs peut se reposer tranquillement, vive le Dieu Doliprane.
Mardi 1er juin, J20.
On passe la journée au zoo de la Palmyre. Émerveillement des enfants devant la diversité des espèces. Il est vrai que le zoo est réputé pour cela. Nous, on est un peu plus réservés. Les enclos nous paraissent petits, on sent que c’est un lieu créé il y a longtemps, dans l’esprit de l’époque « faire voyager les visiteurs ». Cependant, on sent aussi qu’avec le changement d’époque et de mentalité, le zoo essaie maintenant d’être plus respectueux des espèces, de la reproduction pour la protection des populations. Le parc a fêté ses 50 ans, des petits panneaux rétrospectifs nous permettent de jauger de cette évolution.
C’est aussi dans ce zoo que s’est installé pendant 15 jours Georges de Caunes sur l’île des singes, pour observer les humains du point de vue des animaux. Concept intéressant!
C’est donc en conclusion une journée plutôt agréable, qui nous a permis d’aborder d’autres discussions en famille : liberté, protection et possibilités de ré-introduction, ou pas.
Mercredi 2 juin, J21.
On replie le campement, et on repart.
Naïssoune va mieux, même si le ventre est encore fragile. On suit la voie verte, re-montagnes russes.
Puis on coupe plus dans les terres, et on traverse un marais : on croise plein d’oiseaux échassiers (hérons, cigognes, aigrettes…), des canaux, des vaches, et un petit lac plein de cygnes! C’est super joli et agréable. On dirait un peu la Camargue, sauf que les vaches ne sont pas noires mais plutôt marron clair.
La Charente Maritime est vraiment jolie en paysage, et assez agréable à arpenter : pleine de petites surprises. Et d’ailleurs, une belle surprise nous attendait un peu plus loin.
Arrivés près d’un petit fleuve à traverser, on se retrouve face à deux immenses tours genre Tour Eiffel, reliées par un tablier à 6m de haut. On pense d’abord à un pont qui monte et qui descend, mais à y regarder de plus près, le tablier est « vide », on ne peut pas rouler dessus. Alors comment ça marche?
On reste là à imaginer un tas de choses, et puis on voit des câbles, puis une nacelle, qui vient vers nous.
On découvre alors ce qu’est un pont transbordeur (grâce au petit musée très intéressant qu’on trouve juste à côté) : c’est un ingénieux système de nacelle suspendue par des câbles, qui glissent le long du tablier pour faire passer des piétons ou des véhicules d’un bord à l’autre. La traversée ne dure que 10mn, c’est comme un tour de manège!
Ce pont a été construit en 1900, il a connu des interruptions pendant la guerre (nacelle sabotée par l’ennemi : qu’à cela ne tienne, certains grimpaient les 8 étages à pied pour traverser sur le tablier!) et aujourd’hui c’est le dernier pont de cette espèce en France, et il n’en reste que 8 dans le monde.
Belle et surprenante découverte!!!
Sur la nacelle qui fait traverser, on se dit que c’est ça le voyage lent…
On arrive tout content à Rochefort, et nos coups de pédales reboostés par cette particulière découverte nous amènent jusqu’au petit bungalow qu’on a loué pour la nuit, chez Isabelle et Patrick, et leur hectare qui abrite chien, chat et ânes. Le paradis pour les enfants, et nous les parents on sait qu’on sera à l’abri pour cette nuit où on annonce de la pluie.
Jeudi 3 juin. J22
Pas besoin de replier tente et duvets, on est sur les starting-blocks après un bon petit déjeuner devant la prairie des ânes.
En partant, on laisse le premier de nos 4 pommiers qu’on nous avait confié au jardin partagé de Moulis en Médoc, et qui voyagent depuis dans le suiveur derrière Eliot.
Direction La Rochelle ! On reprend la Véloroute, on longe la côte, il fait pas super beau mais on est ravi de respirer les embruns de l’océan. Au loin, il y a des petites îles, et on le sait, il y a aussi le Fort Boyard, et on a drôlement envie de le voir. Et les enfants espèrent voir aussi la plateforme et les stars qui sont en train d’accoster par bateau, mais au final on voit un vague point gris derrière la brume, et on décide que c’est bien le Fort Boyard. Et on est content.
On pic-nique sur la plage face au point gris, euh, à Fort Boyard, et puis on continue pour arriver à La Rochelle, et son port fortifié. Super beau.
On fait un petit tour de la vieille ville et on se dirige vers le pont qui nous mènera jusqu’à l’île de Ré.
On l’aperçoit au détour de la voie verte et là, je ne résiste pas à l’envie de retranscrire une conversation délicieuse entre Eliot et moi :
Manon : Regarde mon chéri!! C’est le pont pour l’île de Ré!
Eliot : Où ça?
M : Mais là, regarde! Il est immense! (on ne voit que lui)
E : Mais moi je ne vois rien! Je ne vois toujours que tes grosses fesses!
… sale gosse. Sans commentaire.
(Quand même, on le voit bien ce pont!)
On s’attaque donc le cœur en joie aux 3km du pont, moitié montant, moitié descendant, tel une ellipse.
Et quand on est tout en haut, on est comme suspendu entre la mer et le ciel…
On déroule nos premiers mètres sur l’île et le soleil arrive, il est 17h, on se sent chanceux!
On découvre les voies cyclables, les maisons blanches aux volets verts.
On passe faire un coucou à Arnaud, l’ancien collègue de Lionel, quand ils travaillaient ensemble chez Malet à Toulouse, il y a 11 ans! Arnaud est maintenant chef d’agence chez Malet Ré TP, qui est devenu (SpieBat) Ré TP, mais les garçons s’en fichent et sont tout contents de se retrouver, et prennent la pause devant l’agence.
On retrouvera Arnaud et sa petite famille dans 2 jours, et pour l’instant on se dirige vers la petite maison qu’on a loué dernière minute via LeBonCoin.
On est super bien accueillis par le propriétaire, qui nous présente sa maison de famille avec bienveillance. On s’y sent tout de suite très bien, elle est biscornue comme on les aime, simple et pleine d’histoire, il y a même un jardinet et un potager, et on est invité à y prélever des salades pour notre dîner!
On sent qu’on va bien apprécier ces prochaines 48h!